Comme les kazakhs et les mongoles, les kirghizes se déplaçaient autrefois avec leurs yourtes. Ces traditions ont largement disparu, et ces anciens nomades se sont maintenant sédentarisés dans les villes ou les villages.
Il reste malgré tout un certain nombre de familles qui continuent à vivre de cette manière (pour le plus grand bonheur du voyageur). En été, ils rejoignent les pâturages verts d’altitude, pour nourrir leurs moutons et chevaux. Ils vendent ensuite la viande de ces animaux, mais aussi le lait de la jument, par exemple sous forme de « koumis » : lait de jument fermenté, légèrement alcoolisé, à qui l’on prête de nombreuses vertus médicinales. Le goût est… particulier, il faut aimer le lait fermenté (je ne suis pas fan).
D’après ce que j’ai vu plusieurs fois, pendant les vacances d’été, les enfants (quasiment tous scolarisés) viennent rejoindre les grands-parents dans leur yourte, et passent 2 mois avec eux.
Ce sont ces familles que j’ai croisées. Ils vendent le koumis par exemple au bord d’une route. Et ils permettent de manger du mouton sous leur yourte.
Yourte en construction.
On voit le poêle qui sera placé à l’intérieur.
Ils font entre autres du pain excellent avec ce poêle !
Finalement, c’est un peu comme un meuble Ikea.
Il manque quelques pièces.
Mais qu’importe, c’est du solide.
Et voilà le résultat final.
(bon ok c’est une autre yourte, je n’ai pas attendu qu’ils finissent)
La cuisine – salon – salle de bain – chambre.
Une autre yourte, qui ne sert qu’au repas. Autre décoration.
Encore une autre yourte, décoration luxueuse.
La vie autour de la yourte.
Les enfants voulaient que je reste pour dormir, mais le devoir m’appelait.
Parfois il faut réparer les murs.
Le koumis
Pas besoin de légende, je crois que c’est clair.
Ensuite on fait fermenter le lait dans ce tonneau en bois, entre une nuit et 3 jours.
A consommer frais.
Pour finir, une unité de mesure que j’avais oubliée : Le Kirghizstan compte 3 têtes de bétail par habitant… Ca ne nous parle plus trop ça hein !
Et environ 5,5 millions d’habitants.
3 août : Le vacancier étant loin d’internet, ici Gérard qui vous communique le programme de l’ascension reçu par sms.
Ci-dessus, une vue Google Earth pour visualiser les étapes.
« - Jeudi 4/8, montée au C1, 4300m. Des tentes sont en place en permanence.
- Vendredi : repos au C1
Jours suivants :
- Installation C2 avec nos 4 tentes, 5300m puis retour C1
- Repos au C1.
- Montée et nuit au C2.
- Installation C3, 4 tentes, 6050m, retour au C1.
- Repos C1.
- Montée et nuit C2
- Montée et nuit C3
- Petite marche et repos C3
- Première tentative de sommet et retour C3
- 2ème tentative
- 3ème tentative
- Retour C1
- Retour CB
On est 8 au total (donc 2 par tente) :
Serge (Guide)
Nathalie, Stéphanie, Ingrid, Yannick, Michel, Romain, moi.
Des mules portent le gros du matériel au camp 1 : 9 tentes (dont une de secours), nourriture, gaz, affaires perso (environ 300 kg)
Ensuite, on équipe nous-mêmes les camps 2 et 3. (Plus de mules) »
Ca y’est !
Le lundi 15 août, vers 13h, Ingrid, Yannick, Michel, Serge (guide) et moi-même avons atteint le « sommet du pic de la montagne, ça veut dire le maximum de la montagne ! » (cf. un sketch de Gad Elmaleh)
Voilà l’équipe complète, devant le sommet :
Serge, Ingrid, Michel, Stéphanie, Romain, Nathalie, Yannick, le vacancier.
(Photo Stéphanie)
Alors, comment ça se passe une telle expédition ?
A vrai dire ça dépend de la montagne ! Par exemple il faut parfois 10 jours de marche pour atteindre le camp de base. Une caravane de yaks ou de mules porte alors tout le matériel.
Ici c’est plus simple, on peut atteindre le CB en 4×4, et même en « minibus solide » (voire à vélo)
Ensuite il va falloir :
- équiper les camps d’altitude en tente, nourriture, et gaz,
- acclimater (c’est à dire « habituer au manque d’oxygène ») les candidats au sommet.
Nous ferons porter le matériel au camp 1 par mules ou chevaux, et aux camps 2 et 3 par des porteurs.
Je vous rassure, ceux-ci sont bien équipés, et bien payés.
Ils sont balaises aussi… l’un d’eux est capable de porter 60 kg. La prime étant fonction du poids transporté, ils cherchent en général à porter un maximum.
Pour les acharnés du détail, ou ceux qui cherchent à se renseigner sur ce sommet avant de le tenter, vous trouverez un graphique plus bas, décrivant notre l’ascension jour par jour, et presque mètre par mètre. Et la page « Position du vacancier » vous donne l’emplacement de chacun des camps.
La tente mess du CB.
Les chambres doubles du CB, devant les premières montagnes du Pamir Alaï.
Le camp de base, à 3600m, est plutôt confortable : cuisiniers, douche, et même une télé qui braille les derniers tubes russes pendant les repas.
On trouve dans ce camp toutes les nationalités, et nous avons en particulier côtoyé des alpinistes venant de : l’Azerbaïdjan (ils ont emprunté une voie directe vers le sommet, et non la voie « classique ». De vrais guerriers), l’Iran, l’Espagne, la Russie, la France…
Le « Lénine » est un « 7000 » très fréquenté.
Bref, après quelques préparatifs au camp de base, et une randonnée d’acclimatation à 4000m, nous partîmes, guillerets, vers le camp 1 :
Sur le chemin du camp 1
Enfin à leur place.
(il faut avoir suivi ce blog depuis le début)
Le camp 1, 4400m, est aussi assez bien équipé : tentes fixes, cuisinier,
et douche précaire mais douche quand même.
Une fois au camp 1, nous ne redescendrons plus au camp de base avant la fin de l’expédition.
A partir de ses 4400m, nous allons alors commencer une série de montées et descentes vers les camps 1, 2 et 3 (cf. graphique)
En gros, le groupe :
- monte au camp 2 pour l’équiper, puis revient au C1,
- monte au camp 3 pour l’équiper, puis revient au C1,
- part faire le sommet.
Un soir au camp 1 : couple d’inconnus avec bonnets
Sur la route du camp 2, Yannick s’hydrate, et réfléchit en même temps.
Une cordée lointaine, sur le grand glacier de la face nord.
Entre les camps 1 et 2, des crevasses pimentent le trajet.
Celle-ci (photo suivante) est assez… intéressante !
Nous trouverons un chemin moins dangereux que celui qu’empruntent ces 4 alpinistes… mal inspirés.
D’où l’intérêt d’être encordé.
Stéphanie en action.
L’arrivée au camp 2 est très longue, et finit par une dernière petite montée éprouvante.
Ce camp 2, 5400m, est, contrairement aux camps précédents, un vrai camp d’altitude : aucune structure fixe, et il faudra littéralement construire nos emplacements (plate-forme dans la glace et les rochers) pour y poser et fixer les tentes.
Arrivée au camp 2 : camp posé dans la pente, sur des rochers et de la glace.
On distingue aussi ceux qui partent vers le camp 3.
Le camp 2, un autre jour, sous la tempête !
D’où l’intérêt de fixer correctement sa tente…
Je plaisante dans cette légende mais une tente mal fixée peut avoir des conséquences dramatiques. On n’est pas au camping de Biscarosse là.
Ingrid, Stéphanie, Yannick.
Romain
(photos pas vraiment dans l’ordre, mais qu’importe)
En général, il est assez rassurant d’avoir Yannick dans sa cordée.
Froid.
Une autre crevasse sympa.
(photo Ingrid)
Pour franchir une crevasse, c’est facile :
- soit il y a un petit pont de neige qui relie les 2 bords, dans ce cas on marche dessus en « se faisant léger » (hum…),
- soit il y a juste un petit espace vide, alors on fait un grand pas, ou… on saute,
- soit il y a un grand espace, alors… on installe une échelle en aluminium, ou fait un pont avec des cordes, ou on trouve un autre chemin…
- soit… on tombe dedans : dans ce cas la il faut espérer que la cordée n’était pas trop endormie, qu’elle a réussi à vous retenir, et qu’elle aura assez d’énergie pour vous faire remonter à la surface.
Dangers
La haute montagne est dangereuse et même très dangereuse, nous l’avons malheureusement vérifié plusieurs fois pendant notre séjour : accidents, décès… C’est une réalité que nous connaissions.
Parmi les problèmes importants que l’on peut rencontrer, on compte les oedèmes pulmonaires et cérébraux, provoqués par la raréfaction de l’oxygène. S’ils ne sont ne pas soignés rapidement, ils conduisent au décès du malade (cf wikipedia, ça faisait longtemps)
Les blessures et le froid sont aussi d’autres dangers très importants à ces altitudes.
Après cette parenthèse glauque, reprenons notre « ascension ».
Le camp 3
(photo Stéphanie)
Le camp 3 est à 6100m. A cette altitude on sent bien qu’on n’est pas trop à sa place : manque d’oxygène, froid, vent, parfois de grosses quantités de neige qui tombent… bref la montagne vous murmure en permanence « Que fais-tu là, petit ? Retourne dans tes plaines ! »
Par exemple entrer et sortir de la (petite) tente demande une gymnastique qui essouffle énormément. Aller aux toilettes est toujours une épreuve. Pourtant il faudra travailler à cette altitude pour planter les tentes, et les fixer dans la neige comme on peut. Puis il faudra y « vivre » : cuisiner, dormir, fabriquer de l’eau…
Malgré tout, on aime bien ce camp 3 : Il offre une vue magnifique sur les montagnes voisines (il se trouve sur le haut d’une « bosse »), et est structurellement mieux fait que le camp 2 (moins de pentes)
C’est en général le dernier camp avant le sommet (il existe un camp 4 que nous n’avons pas utilisé). Nous y dormirons 3 nuits au total (cf. graphique etc…)
Pose bizarre sur le chemin du camp 3
(photo Ingrid)
Départ pour le sommet
Après une courte nuit au camp 3, nous prîmes donc le chemin du sommet : départ 3h30 du matin, par -15°C, et beaucoup de vent…
Cette première tentative fut transformée en « journée d’acclimatation » 400m plus haut : retour au C3, et repos jusqu’à re-3h30 du matin.
Le 15 août, à la lumière blafarde de nos frontales lediennes, nous reprîmes donc le même re-chemin, par -20°C, et du vent. Débutait alors une lonnnngue et lennnte ascension de 8h environ. Cette voie ne présente pas trop de difficultés techniques. Des cordes fixes « protègent » les passages dangereux.
La difficulté vint du manque d’oxygène : au départ (6100m) tout semble aller bien, les jambes obéissent… Mais vers les 6600m, cela ne fonctionne plus comme ça. Impossible de garder un rythme de marche normal. Le corps ne trouve plus son « comburant », il étouffe, l’énergie musculaire devient impossible à produire… En pratique sur ma personne : tenter d’accélérer était non seulement impossible, mais provoquait aussi des nausées.
J’ai fini à 2km/h, après un « chemin de croix » interminable, l’esprit perdu dans un nuage de pensées confuses et laiteuses, en pensant ne jamais arriver au but…
Fouler le sommet fut donc un moment très émouvant, en particulier car, bien évidemment, il marquait la fin d’un loong voyage commencé 3 mois avant, quelque part en Sibérie…
Le « jour du sommet » : levé de soleil sur montagnes, et Lune.
Au loin : le Pic Communiste (!)
Sur la voie du sommet.
Quelques heures après, je serai moins vaillant…
(photo Serge)
Le vacancier, Michel, Ingrid, Yannick, et Serge, au sommet.
Cliquez pour agrandir et voir les têtes.
(photo Serge)
Le graphique : diagramme de l’ascension réalisée.
(sources : Serge Bazin, guide de l’expédition)
Une page web se tourne, maintenant je passe à autre chose, tu en sauras plus dans de prochains articles ! Sache juste que mon vélo est emballé dans un carton (définitivement), et que je suis à Bichkek (capitale du Kirghizstan)
J’espère que tu vas bien cher lecteur, que tu as passé de bonnes vacances d’été, et que tu penses déjà à tes prochaines !
a+
Y.
Cher Internaute,
Je suis revenu en France depuis début septembre. Etant SDF jusqu’en novembre, j’ai trouvé refuge chez mes parents (et cette chambre d’hôte me convient pas mal aussi, je dois dire)
Voilà quelques photos pour illustrer la fin de mon voyage, avec 3 supplémentaires sur la montagne (ça manquait de paysages…) Suivent ensuite quelques autres sujets… un peu en vrac.
Un matin, après un départ à 4h…
(Ce sont pourtant des vacances)
Des montagnes jusqu’à l’infini, et un peu au delà.
Le vacancier devant les montagnes infinies.
De retour à la capitale (Bichkek), nous nous jetâmes sur les fruits frais qui nous faisaient défaut sur les montagnes (je révise mon passé simple :))
2 minutes plus tard : orgie de framboises !
Puis nous nous séparâmes tristement.
Je repartis alors pour quelques excursions kirghizes, en version sac-à-dos.
Après avoir survécu à 7h de voyage dans un minibus complètement fou (je n’ai jamais vu autant de personnes angoissées dans un bus) j’arrivai dans la région du lac Issyk Kul, réputée pour ses randonnées (la région) et la pureté de son eau (le lac)
Petit trek dans autre vallée kirghize (encore) magnifique.
Portrait.
Plus tard, je passai du temps avec le boulanger local, pour assister à la fabrication de leur savoureux pain.
Pétrissage et mise en forme…
Résultat.
Le boulanger re-travaille un peu la pâte…
…il pause un peu…
… et vient coller la pâte sur les parois du « tandoor », four utilisé dans beaucoup de pays du coin, jusqu’en Inde.
Laisser cuire 5 min (thermostat 4)
Résultat délicieux.
Prix : 0,16 €
Re-pause + pub…
Puis vint le jour du retour.
Pour égayer la fin du voyage, Aeroflot, la compagnie aérienne russe qui me ramena à Paris, égara mon vélo lors du transit à Moscou (« problème de transit » comme dit mon père)
Celui-ci fut retrouvé quelques jours plus tard. Ouf.
Chers lecteurs,
Aujourd’hui vous avez droit à 2 articles (cf. ci-dessous !)
Merci pour tous vos commentaires et autres mails suite à mon ascension ! Ils m’ont tous beaucoup touché. Sincèrement.
Depuis 3 mois, vous avez été très nombreux à me lire, à vous intéresser, à poser des questions, voire même à réclamer des articles… quelque part, vous avez fait partie de mon voyage.
Et tous vos commentaires ont rendu ce site vraiment très vivant !
Merci encore. J’ai été ravi de « partager » ce voyage avec vous.
Vous êtes vraiment les meilleurs lecteurs de l’Internet mondial :)
Et après ?
Mon périple en Asie Centrale est donc terminé. Ce blog était en particulier destiné à faire le récit des 3 mois passés dans cette région.
Cela dit, il me reste encore… un peu plus de 2 mois de vacances.
Je compte continuer à alimenter ce blog de temps en temps avec des photos, mais sans doute moins de commentaires.
Quelle est la suite ?
La semaine prochaine je pars voir quelques amis ici ou là.
Fin septembre, le vacancier part 10 jours en Croatie, pour… de vraies vacances ! C’est-à-dire avec des grasses matinées, des plages, des hôtels… :) Et en version… « accompagné ».
Et après la Croatie, et bien… je ne sais pas encore.
Et j’adore ne pas savoir…
A bientôt.
Yann
L’espérance est une insulte à l’instant.
Sylvain Tesson
Ce fut 10 jours de pur soleil, comme en France.
On en entend souvent parler, et bien c’est vrai : la Croatie, c’est TRES beau :)
Voyez par vous même.
Eglise St Marc, à Zagreb.
Zoom.
Tuiles vernissées. C’est plutôt réussi.
Le Parc national des lacs de Plitvice.
Un enchaînement de lacs et de cascades.
De l’eau partout…
Paradisiaque !
L’eau est cristalline….
Toujours dans le même parc.
Forêt, au soleil couchant.
Un peu plus loin : pêcheur du soir.
La ville de Pag, sur l’île de Pag.
Vue sympa depuis notre chambre d’hôte…
La mer au pied de la maison.
Parc national de Krka.
Lacs et cascades comme à Plitvice.
Limpide !
Changement de décor : des restes de la guerre serbo-croate.
A cet endroit, il faut rester SUR les chemins et les routes :)
Une ruelle de la ville de Sibenik.
Un croate à Sibenik, portant un chapeau traditionnel.
La ville de Trogir.
L’île de Brac, ville de Supetar.
L’île de Brac, bougainvilliers.
Le vacancier sur île de Brac.
Supetar.
Coucher de soleil romantique, avec mouettes.
Dernier petit cadeau de la nature, la veille du retour en France…
Comment la remercier ?
Je vous laisse méditer sur cette question :)
A bientôt.